conseils et studio de couleurs naturelles,

par Anaïs Chesneau

En binôme avec Ganga Singh Rana, je sélectionne la laine dans la vallée du Johar. Le travail consiste dans un premier temps à établir un lien de confiance durable avec les éleveurs. Puis une grosse étape de tri de la laine se met en place en fonction de la qualité de la fibre. Plusieurs catégories ont été décidé pour différents types d’utilisation.

Comme évoqué dans la genèse du projet, la sélection des laines de la vallée du Johar doit s’accompagner d’une sauvegarde de race lainière : la race Khunnu, aujourd’hui en péril.

Je suis devenue co-propriétaire d’un troupeau de brebis Khunnu qui nous permet quotidienne de comprendre les enjeux des éleveurs et d’insuffler en douceur de nouvelles idées concernant le travail et le calendrier lié à la récolte de la laine.

A partir de 2022, j’ai démarré des premiers échantillonnages couleurs sur la laine locale Khunnu. Partant de l’idée de pouvoir proposer des tapis sur mesure, j’ai décidé d’orienter le travail de la couleur non pas sur la création d’une gamme comme si on travaillait par collection. Mais plutôt de travailler par plante en cherchant à découvrir le maximum de potentiel qu’une seule plante peut offrir. Cela afin de pouvoir par exemple créer des fonds colorés subtiles dans leurs nuances.

A la suite des premiers travaux en design couleur, j’ai lancé la formation d’une équipe de femmes en teinture naturelle.

Cette formation a pour but principale leur autonomie dans la réalisation de couleurs déjà développées mais aussi la recherche de nouvelles couleurs.

En mars 2023, un travail de collecte de données à été initié. Je note, reporte, analyse des histoires passées encore bien vivantes. Des histoires de tapis. De motifs. De transmission. D’héritage. De couleurs.

Un long travail de recherche qui me permet de mieux connaître les histoires singulières qui se cachent derrière chacun des tapis récoltés.

Je répertorie les motifs crée par les femmes du village sur leur propre tapis quelques années auparavant pour mieux comprendre les influences, les structures, les évolutions, les goûts.

Répertorier pour conserver. Avec l’idée de pouvoir continuer de faire vivre ses motifs dans des créations futures. Conserver et réemployer. Avec l’idée de transmettre des textiles à l’identité de son territoire forte.

Comprendre et faire vivre son matrimoine.