conseils et studio de couleurs naturelles,

par Anaïs Chesneau

faire renaître une matière locale et créer une économie durable

J'ai fondé le programme Laine du Johar dans l'himalaya indien

L'objectif est de réintroduire la laine dans la production textile, dans une démarche écologique, en se fournissant auprès des éleveurs locaux, afin de créer une économie solidaire et circulaire dans la vallée du Johar. Tout cela en impactant positivement la qualité des produits finis et dans le but de valoriser ce savoir-faire lainier, afin de rémunérer de manière juste chacun des acteurs et actrices de la filière.

la genèse

une laine de mouton absentes des principaux pôles de production locale.

 

De 2015 à 2019, lors de mes premiers voyages d’observation du territoire et en rencontrant différentes structures textiles existantes, une question a été soulevée : Pourquoi ces structures qui maitrisent les étapes de filage et tissage n’utilisent elles pas ou plus la laine de mouton produite localement ? 

La laine locale est délaissée, soit au profit de laines importées (mérinos), soit de laines haut de gamme produite généralement dans les régions voisines (pashmina tibétain par exemple) soit remplacées par des « laines » acryliques.

en 2019 je pose mes valises dans la village de Shankhadhura, aux portes de la vallée du Johar, ancienne route commerciale indo-tibétaine, aujourd'hui emprunté par les éleveurs lors des transhumances.

 

Alors l’idée un peu démesurée de recréer une filière laine complète a émergée selon 3 axes de travail :

- obtenir un fil de meilleure qualité à partir de la laine de moutons ;

- rendre accessible la laine (classée en différentes catégories) aux structures et indépendants de la région pour le développement de leurs gammes de produits 100% locales

- revitaliser des savoir-faire lainiers locaux en créant des produits traditionnels tout en y ajoutant une touche contemporaine.

La teinture naturelle comme support de valorisation de la laine locale

 

Les moutons de la vallée du Johar, Khunnu et Gharya, ont principalement des toisons blanches. C’est ainsi qu’à partir de 2022, m'appuyant sur mon savoir-faire de teinturière, je me suis lancée dans la création de couleurs à partir de plantes que l’on pourrait cultiver localement. 

Alors que les laines locales rustiques sont le plus souvent des matières mise au rebut, j’ai été surprise de constater à quel point la couleur venait revaloriser la laine aux yeux des indiennes du village. 
Introduire mon savoir-faire de teinturière auprès de leur savoir-faire lainier a permis de créer par la nouveauté un intérêt plus fort dans la mise en lumière de cette laine locale.

Comprendre et trouver des solutions pour (re)construire ensemble les 1ères étapes de la filière : la tonte et le tri.

 

Il n’est aujourd’hui pas si évident d’obtenir de la laine dans la vallée du Johar. La plupart des éleveurs jettent leur laine car ils ne trouvent plus d’acheteurs en local. Et le cœur du problème est là : puisque les éleveurs ne peuvent plus vendre leur laine, les habitudes de travail ne sont plus adaptées à la récolte et les savoir-faire (tonte et tri) se sont perdus.

Évidemment je ne peux pas demander aux éleveurs de modifier leurs habitudes de travail comme ça d’un coup. Il faut donc être inventif afin de pouvoir re-mailler ces premières étapes de la filière lainière. En 2023, Avec mon partenaire local, Ganga, nous avons décidé d’acheter un troupeau de moutons Khunnu afin de s’immerger au cœur des problématiques de l’élevage et ainsi trouver des solutions adaptées pour les éleveurs et faciliter la récolte de la laine.

Une économie orientée pour les femmes

 

Les savoir-faire locaux autour du travail de la laine sont encore présents. Même si peu actifs. Les femmes ont remplacé la laine locale par de l’acrylique (bon marché et offrant une palette infinie de couleurs) mais continuent pour l’instant de perpétuer les gestes.

Elles produisent leurs textiles au sein des foyers seulement pour un usage personnel ou pour offrir. Mais ces textiles sont rarement vendus, le temps de production n'étant pas suffisamment valorisé sur le marché local, et les femmes n'ayant pas accès à un marché plus large qui leur permettrait de proposer leurs produits textiles à un prix juste. 

première collection de tapis

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